Terrorisme: Ce que dit vraiment le Coran (2)
Par math-bernard | Le 25/12/2016 | Commentaires (3)
Partie 2 : le Coran autorise-t-il à tuer ?
Si le terrorisme a toujours existé, sous des formes diverses, il connaît une augmentation exponentielle depuis la fin de la guerre froide. En particulier depuis 2001 et la chute des Twin Towers, le nombre d’attentats va crescendo d’année en année. À travers le monde, il a bondi de 600 % ces quinze dernières années. Pourquoi cet engouement pour les tueries de masse ? Pourquoi les recruteurs terroristes parviennent-ils à convaincre des individus apparemment ordinaires de se livrer à de telles atrocités ? Le Coran autorise-t-il à tuer ?
Le Coran, arme principale des recruteurs terroristes
« On ne renonce pas impunément au titre d’humain », écrivait Edward Bond. Transformer un homme en machine à tuer n’est pas chose aisée. Il faut donc jouer sur ses failles intrinsèques : colère, mal-être psychologique, perte du lien social, sentiment de subir une injustice.., et introduire le Coran comme la solution ultime qui permettra à cet individu d’enfin trouver sa voie. Pour l’être insignifiant et en errance, devenir un combattant d’Allah confère un statut qui transcende la dimension humaine.
Donc, une fois qu’une personne comportant de telles failles manifeste des velléités de rejoindre les mouvements terroristes, les recruteurs vont le persuader en résumant le Coran par deux items : le devoir et la promesse.
Le Coran, rappelons-le, comporte 114 sourates et 6 236 versets. La stratégie des laveurs de cerveau va donc consister à sélectionner tous les passages relatifs :
1 - au devoir du musulman vis-à-vis d’Allah
2 - aux promesses, c’est à dire à la récompense.
Schématiquement, le devoir sera le « privilège » de prendre les armes et de mourir sur le « chemin d’Allah », c’est-à-dire, le djihad. La récompense sera celle qui est réservée au « shahid », le martyr de l’Islam, à savoir le djenna (paradis). Mais, penchons-nous sur la notion de devoir.
Le devoir du musulman, selon les intégristes
Il se résume en une phrase : défendre la cause de l’Islam en tuant les infidèles, afin d’instaurer un ordre islamique mondial. Ce devoir, qui se rattache au jihad mineur dans la tradition islamique, est mis en avant par des versets appelant au massacre :
Vous les combattrez ou bien ils se soumettront à Allah (Sourate 48:16)
Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes partout où vous les trouverez; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades (Sourate 9:5)
Et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association, et que la religion soit entièrement à Dieu (Sourate 8:39)
Des appels à tuer dans la Bible également
Comment comprendre ces passages qui incitent des croyants à se livrer à des tueries de masse ? Et comment un livre se revendiquant comme la « Parole de Dieu » peut-il prôner la destruction de son prochain ? Dans la sourate Yunus verset 94, Dieu dit à Mohammed (Mahomet) :
Si tu es dans le doute au sujet de ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge alors ceux qui lisent le Livre révélé avant toi.
Le « Livre » révélé avant Mohammed, c’est celui qu’on appelle en arable El Kitab el Moqadess, autrement dit, la Bible. Et quand on consulte la Bible, on réalise qu’on y trouve également des passages d’une extrême violence :
Si [une femme] avance la main et saisit [un homme] par les parties honteuses, tu lui couperas la main, tu ne jetteras sur elle aucun regard de pitié. (Deutéronome 25:11,12)
Alors l’assemblée envoya contre eux douze mille soldats, en leur donnant cet ordre : « Allez, et frappez du tranchant de l’épée les habitants de Jabès en Galaad, avec les femmes et les enfants. » (Juges 21:10)
Dieu te livrera ces nations et jettera sur elles une grande panique jusqu’à ce qu’elles soient exterminées. Il livrera leurs rois entre tes mains, tu feras disparaître leur nom de sous le ciel ; aucun ne tiendra devant toi, jusqu’à ce que tu les aies exterminés. (Deutéronome 7:20-25)
On ne va pas se lancer dans l’exégèse de ces passages, mais il s’agit de montrer qu’il existe un parallélisme entre les actes de cruauté mentionnés dans le Coran et ceux mentionnés dans la Bible. Alors, pourquoi observe-ton aujourd’hui cette disparité entre les actes commis au nom de la Bible et ceux commis au nom du Coran ?
La Bible : de l’Ancien au Nouveau Testament
Notons que tous les versets susmentionnés émanent de l’Ancien testament, lequel présente un Dieu impitoyable et vengeur. C’est, au nom de cet Ancien testament que, durant l’Histoire, les chrétiens ont commis des atrocités innommables : croisades, Inquisition, massacres de populations comme la St-Barthélémy, ou encore la traite négrière. Mais l’Ancien testament a été supplanté par le Nouveau Testament qui, lui, donne de Dieu un visage totalement différent. Le Tout-Puissant s’y révèle en la personne de Sidna Aïssa, Jésus-Christ, qui, lui, prône l’amour en toute circonstance :
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mas moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faîtes du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent. (Matthieu 5:43,44)
Il n’est plus question ici, comme dans l’Ancien Testament, de massacrer ses ennemis, mais plutôt de les aimer. Pourquoi cela ? Parce que, selon 1 Jean 4:8 :
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Le terme grec employé tant par Jésus que par l’apôtre Jean pour « amour » est « agapé ». Il désigne un amour inconditionnel, un amour qui ne dépend pas du comportement de la personne à qui on le donne. Ce n’est ni l’amour éros que l’on attribue un conjoint ; ni l’amour storgê que l’on réserve aux membres de sa famille ; ni l’amour filia qui appartient à ses amis. L’amour agapé est un amour gratuit que l’on offre à tout être humain existant sur cette terre, quelque soit son comportement à notre égard. C’est donc le plus haut degré d’amour et de compassion existant.
Ce qu’il faut comprendre de ce qui précède, c’est qu’il existe une évolution allant de l’Ancien au Nouveau Testament ; de la cruauté envers ses ennemis à l’amour de son prochain. Cette évolution rend obsolète tous les passages bibliques appelant à la tuerie et les chrétiens d’aujourd’hui ont bien compris que leur référence c’est Jésus Christ, image de l’amour de Dieu.
Existe-t-il une même évolution dans le Coran ?
Le principe d’abrogation dans le Coran
Rappelons tout d’abord que, sur les 6 236 versets du Coran, seulement 5 contiennent véritablement un appel à tuer. Ces versets répondaient à un contexte historique totalement obsolète au XXIe siècle. Néanmoins, et bien que ce point soit contesté par certains docteurs de l’Islam, c’est un fait que des passages du Coran n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. Ce principe est énoncé dans la sourate de la vache, verset 106 :
Que Nous abrogions un verset, ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur ou un équivalent. Ne sais-tu pas que Dieu est omnipotent ?
Le verbe arabe « nasakha » traduit ici par ‘abroger’, signifie littéralement « effacer », « abroger », voire « annuler ». Il instaure le principe selon lequel certains passages du Coran sont annulés et remplacés par d’autres. On parle alors de mansûkh pour les versets abrogés (ou remplacés) et de nâsikh pour les versets abrogeant (ou remplaçant). Autrement dit, quand deux versets se contredisent dans le Coran, on doit considérer que l’un des deux est rendu obsolète par l’autre.
L’abrogation annule-t-elle l’unicité du Coran ?
Comme nous le mentionnions, certains exégètes de l’Islam dénient l’idée d’une contradiction possible dans le Coran. Ils soutiennent que la sourate 2 verset 106 ne parle pas de versets coraniques en abrogeant d’autres, mais plutôt du Coran abrogeant les livres précédant Mohammed, c’est-à-dire l’Ingil (Évangile) et la Thora. Or, ce n’est pas ce que dit ici le texte. On parle bien ici de révélations faites à Mohammed, et non à Aïssa (pour l’Ingil) ou à Moussa (pour la Thora). C’est bien ce qui est dit à la sourate 16 (les abeilles), verset 101 :
Quand Nous remplaçons un verset par un autre – et Allah sait mieux ce qu’Il fait descendre - ils disent : « Tu es un menteur ». Mais la plupart d’entre eux ne savent pas.
Ce verset nous aide à cerner dans quel contexte s’inscrit le principe d’abrogation. Certains individus qualifiaient Mohammed de « menteur ». Pourquoi ? Parce qu’il se contredisait. « Hier tu nous disais ça et aujourd’hui tu nous dis autre chose ? » Et c’est là que, selon le verset précité, Dieu répond à Mohammed en lui disant : « C’est MOI qui remplace un verset par un autre ». Il est donc bien question ici de remplacements internes au Coran, et non d’un Coran remplaçant la Bible. Par ailleurs, à plusieurs endroits, le Coran précise qu’il a été envoyé pour confirmer l’Injil et la Thora, et non pour les remplacer. C’est ce qui est dit, notamment, dans la sourate 3 (la famille d’Imran), versets 3 et 4 :
Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité, confirmant les Livres descendus avant lui. Et il fit descendre la Thora et l’Évangile auparavant, en tant que guide pour les gens.
Le fait qu’un verset coranique en abroge un autre n’a rien d’infamant et ne remet nullement en cause son unicité. C’est la mise en exergue d’un processus naturel. Un homme évolue tout au long de son existence. Il est enfant, adolescent, adulte et vieillard. Il change tout au long de ces étapes, mais ne reste-t-il pas le même homme ? Il en est ainsi des livres sacrés.
Versets abrogés et versets abrogeant : l’incertitude
Le débat porte souvent sur le fait de déterminer quels sont les versets qui abrogent les autres. En cas de contradiction entre deux textes, le texte légitime n’est pas toujours identifiable. Globalement, la date permet d’effectuer la clarification. Le verset le plus récent abroge les versets antérieurs. Schématiquement, on considère que les sourates de la période mecquoise sont les plus susceptibles d’avoir été abrogées.
Mais, en vérité, la question de la chronologie des sourates n’a aucune importance. La véritable question, en rapport avec le sujet « Le Coran autorise-t-il à tuer ? » est celle-ci : Quel genre d’hommes sommes-nous vraiment ? »
Le Coran révèle le genre d’individus que nous sommes
Le Coran autorise-t-il à tuer ?.. Ce n’est pas la question qu’il faut se poser. La question qu’il faut se poser est : « Avons-nous envie de tuer ? ». C’est ça la question. Si la réponse est oui, alors nous trouverons dans le Coran (ou dans la Bible) des justifications pour le faire. Comment cela ? Comparez ce verset incitant au terrorisme :
Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne suivent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent l’impôt de la capitation et qu’ils se soumettent et s’humilient. (Sourate 9:29)
à ce verset incitant à la paix :
Nulle contrainte en religion. La bonne voie est désormais distincte de l’erreur. (Sourate 2:256)
Le premier demande aux croyants d’imposer l’islam par la force, tandis que le second énonce la liberté dans le choix de sa religion. Face à cette contradiction, on se demande naturellement, lequel des deux commandements il faut suivre. Le Coran nous dit-il de tuer pour l’islam ou nous dit-il de respecter le choix religieux de chacun ? Pour trouver la réponse, on va alors se poser la question de l’abrogation. Lequel des deux versets est postérieur à l’autre ? Mais, en fait, on se trompe. Ce n’est pas la question à se poser. La question de l’abrogation ne présente ici aucun intérêt, car ce n’est pas pour cela que cette contradiction apparaît dans le Coran. La question à se poser est : « est-ce que personnellement j’ai envie de tuer ? », et là on aura la réponse. Pourquoi cela ? Parce que ces livres qui prétendent être la Parole de Dieu, la Bible et le Coran, dissimulent, en réalité, une intention cachée. Ces livres ne cherchent pas à dire aux hommes ce qu’ils doivent faire. Ils poursuivent un autre objectif, que nous lisons dans l’Injil, en Hébreux chapitre 4 verset 12 :
Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et elle discerne les intentions et les pensées du cœur.
Mettre en relief le contenu de l’âme de chacun est le projet ultime de ces livres, car un humain va toujours s’attacher à ce qui lui tient à cœur. Ainsi, face à une bifurcation présentant un chemin de paix et un chemin de guerre, il va emprunter le chemin correspondant aux désirs de son cœur.
Prenons l’exemple d’un enfant à qui l’on sert un plat de viande et de légumes. S’il n’aime pas les légumes, que va-t-il faire ? Il va instinctivement mettre les légumes sur le coin de son assiette et se focaliser sur la viande. Il en est de même quand on lit le Coran. Celui qui est pacifique, constructif, miséricordieux, va s’attacher aux versets qui prônent la paix et l’harmonie avec ses semblables. Mais celui qui est profondément violent, chargé de haine et de colère, va écarter les versets de paix pour rechercher ceux qui incitent à la guerre. C’est, par exemple, ce que font les intégristes. Ils prennent dans le Coran ce qui les arrange et ils passent le reste sous silence. Et c’est de cette façon que le Coran va révéler quel genre de personne nous sommes en réalité. Il va mettre au jour les vérités dissimulées dans le cœur de chacun.
Le Coran autorise-t-il à tuer ?
Alors, le Coran autorise-t-il à tuer ? En vérité, la réponse à cette question ne présente pas de réel intérêt. Peu importe que ce soit oui ou non, la vraie réponse est en nous, en chacun de nous. Si nous avons de la haine et de la colère en nous. Si nous avons envie d’en découdre. Si nous avons des instincts de violence refoulés. Si nous avons envie de tuer.., alors nous trouverons dans le Coran (et dans la Bible) des raisons de le faire. Mais si, du plus profond de notre âme, nous voulons la paix avec nos semblables et résoudre les conflits par la conciliation et la discussion. Si nous rêvons d’un monde de solidarité et d’unité, un monde où les êtres humains, quels que soient leurs origines et leurs religions, unissent leurs bonnes volontés pour ériger une société plus juste… alors nous trouverons dans le Coran des raisons de le faire. Notre cœur sera touché par la sourate 5 (Al-Maidah), verset 2 qui prône l’entraide :
Aidez-vous les uns les autres à l’accomplissement du bien et de la piété et ne vous entraidez pas à commettre le péché et la transgression.
Il sera touché par la sourate 49 (Al Hujurat) verset 13 qui appelle à la coopération entre les peuples :
O humains ! Nous vous avons créés à partir d’un mâle et d’une femelle et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous connaissiez entre vous.
Et il sera touché par la sourate 7 (Al A’raf) verset 156, dans laquelle Allah révèle ce qu’il attend vraiment des croyants :
Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui me craignent.
Entraide entre les humains, coopération entre les peuples, miséricorde d’Allah et miséricorde de ceux qui le craignent… Voici quelques armes du Coran pour construire la paix et rejeter le terrorisme.
Partie 3: Les 99 noms de Dieu: le terrorisme est-il compatible avec la justice d'Allah?
terrorisme attentats djihad coran musulman
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