Han Van Meegeren, l’homme qui a arnaqué les Nazis
Découvrez le récit d'une étonnante escroquerie
On le savait, Hermann Göring, chef du parti nazi, était amateur de tableaux. Des peintures de maîtres souvent spoliées et volées à leurs propriétaires légitimes. Et pourtant, un faussaire hollandais lui a « refourgué » un faux parfaitement imité. Récit d’une arnaque pas comme les autres.
Découverte du trésor de Göring
Nous sommes en 1945 et la guerre vient de s’achever. Dans une mine de sel en Autriche, l’armée américaine fait une incroyable découverte : un millier de tableaux de grande valeur appartenant à Göring. L’un de ces tableaux est Le Christ et la femme adultère de Johannes Vermeer, et cet ouvrage va éveiller l’attention des enquêteurs. Grâce à lui, les policiers vont remonter jusqu’à Han van Meegeren. Ce Hollandais de 56 ans va être arrêté et inculpé pour « pillage de trésors nationaux au profit de l’ennemi ». En somme, il est accusé d’être un collabo et risque la peine de mort. Sauf que…
Une défense inattendue
« Tu as vendu ce tableau de Vermeer à Göring, tu es un traître, un collaborateur ! », lui assènent les policiers.
À l’heure où les procès pour collaboration se multiplient et que ceux qui ont frayé avec le troisième Reich sont exécutés sans états d’âme, Van Meegeren décide de jouer sa dernière carte. Nous sommes le 12 juillet 1945 et, face aux enquêteurs, il explique alors qu’il n’est pas un collabo…
— Tu n’es pas un collabo !.. Tu es quoi alors ?..
— Je suis un arnaqueur, et j’ai arnaqué Göring ! Ce Vermeer que je lui ai vendu est un faux. Je le sais, parce que c’est moi qui l’ai peint…
Toutes les personnes présentes restent cois face à cette annonce inattendue. Les enquêteurs sont d’autant plus sceptiques que la pièce en question avait été expertisée par un éminent spécialiste des peintures du XVIIe siècle. Van Meegeren explique alors qu’il a mis au point une technique de contrefaçon des tableaux de Vermeer absolument indétectable. Il demande alors aux policiers de lui donner la possibilité de prouver ses dires : en quelques mois il va peindre une autre œuvre de Vermeer : Le Christ au temple. Ses contradicteurs acquiescent et, pendant cinq mois, depuis sa cellule et sous la surveillance d’experts, il va réaliser le tableau en question. Au final, le résultat est sans appel : une reproduction quasi parfaite.
Une enquête plus poussée
La Cour de justice de Rotterdam mandate alors une commission composée d’experts internationaux pour enquêter sur cette affaire. Après plusieurs mois d’investigations, le rapport conclut que le tableau de Göring ne pouvait dater du siècle d’Or néerlandais et qu’il s’agit bel et bien d’un faux du XXe siècle. Les accusations de trahison et de collaboration sont abandonnées et Hans Van Meegeren est salué par le public hollandais comme un habile arnaqueur qui a réussi à escroquer le très détesté chef nazi. Notre faussaire sera néanmoins inculpé pour faux et tromperie et se verra infliger la peine minimale : un an d’emprisonnement.
Cette affaire d’escroquerie est d’autant plus pétillante que pour acquérir ce faux Vermeer, Göring avait dû restituer à l’état hollandais plus de 200 tableaux.