Le dessin, un art d’avenir
« Dessine-moi un mouton », demanda le Petit Prince. De tout temps et en tous lieux, le dessin a fait partie du quotidien des hommes. Aujourd’hui encore, que ce soient pour des motifs professionnels ou pour le plaisir, beaucoup se lancent dans l’aventure du dessin. Mais, au fait, pourquoi cet engouement ?
Le dessin : un art millénaire
Nos ancêtres les homo sapiens ont laissé des chefs d’œuvre, selon les conclusions de nombreux chercheurs. Nonobstant les énigmes qui subsistent, telles que : comment des humains dits « primitifs » et au sens artistique limité, ont-ils pu concevoir pareilles œuvres ? L’art pariétal préhistorique, transmis de génération en génération pendant 22 000 ans, témoigne d’un intérêt instinctif de l’homme pour le dessin.
Cet instinct, corroboré tout au long des siècles par la pléthore d’ouvrages qui a caractérisé l’art pictural, traduit un besoin qui va au-delà du simple divertissement. Selon la collectionneuse Nathalie Mamane-Cohen, « la plus grande force du dessin, c’est la fragilité du trait, qui pousse à l’imaginaire ».
Le dessin, pour s’évader…
Si le dessin permet souvent la représentation d’objets ou de séquences du quotidien, il est souvent, avant tout, un moyen de s’échapper. Dessiner, c’est activer les canaux de l’imaginaire, lesquels vont permettre de se libérer quelques instants de la réalité. Imaginer, reproduire, créer.., et se plonger dans un univers où tout devient possible. Dans Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, l’enfant demande au voyageur de lui dessiner un mouton. Lorsque celui-ci lui reproduit un mouton en bonne et due forme, l’enfant refuse le dessin. Encore, et puis encore… Jusqu’à ce que l’aviateur lui dessine une caisse. Qu’y avait-il dans cette caisse ? Le mouton. Et là, le Petit Prince acquiesce avec joie, car l’originalité et la simplicité de cette graphie allait lui permettre de faire jouer son imagination.
Le dessin aujourd’hui
Avec, rien qu’à Paris, trois salons annuels qui lui sont consacrés, le dessin s’impose comme un art d’avenir. Plaisir, vocation ou moyen d’expression, le succès des manifestations et de la culture rattachée à ce médium ne cesse de s’intensifier. Lors de l’édition 2017 du Drawing Now, une multitude de Parisiens, mais aussi de visiteurs étrangers, professionnels, amateurs ou collectionneurs, se sont rués au Salon du dessin contemporain.
« Le salon [du dessin] n’est plus uniquement réservé aux marchands ou aux collectionneurs » constate en cette occasion un exposant, tandis que Louis de Bayser, président du salon renchérit : « [Le dessin] parle à tout le monde. Il est un art plus sensible et plus intime que celui par exemple des sculptures. »
De fait, le dessin suscite de plus en plus de vocations.
« Dessiner permet de dissimuler des secrets »
Pour comprendre un peu mieux les raisons de cet engouement, nous avons rencontré Sam Clou, une jeune dessinatrice de 29 ans. Passionnée depuis toujours par le dessin, elle ambitionne d’un jour exposer ses propres œuvres. « Mon grand-père était artiste-peintre, nous explique-t-elle. Quand il venait nous voir je dessinais avec lui et il m’expliquait les techniques. » Pour Sam Clou, dessiner c’est avoir le goût de la création et de la transformation. Mais c’est également un challenge. « Commencer un dessin est toujours un défi, ajoute-t-elle. Il faut savoir si c’est réalisable, manier les couleurs, choisir les bons matériaux... »
En définitive, pourquoi se lancer dans ce médium que l’on qualifie souvent d’« art mineur » ? « Le dessin est un moyen d’évasion, mais aussi d’expression, explique Sam. Il permet de créer des métaphores, de cacher des secrets, des sentiments profonds que personne d’autre ne saura déceler. »
Ainsi, même si le monde est dominé par les nouvelles technologies, il semble que le dessin ait encore de beaux jours devant lui.